ABOUT
Artist’s purpose
Memory and time are my two obsessions. How can we capture an object, an instant, soon disappearing? The starting point of my sculptures is always a fleeting, forgotten or endangered object, a witness to the passing time. As soon as we think about it, the present moment has already passed.
Living in Shanghai for six years, I have been the witness of a strong mutation, the modernization destroying old traditional objects and buildings, ways of living. In the 1950’s in Paris, the city was also in the process of getting rid of the old to embrace modernity. During this time, photographers immortalized the disappearing beauty of the city. As photographers do photography, I do “objectography”. In Shanghai I collected handcrafted objects (stools, door lintels, bricks) and cast selected pieces in bronze to make them timeless. These forgotten objects are the staple ingredients of my creation. I combine embedded text and everyday objects to question the mutation of cities and of the fading of the past to ask “What will we remember from our past?”
Back to Paris, I follow this quest to fix the past, working on the theme ‘Les Éclipsées’. It showcases the names of women who have been overshadowed and forgotten, presented through performances and sculptures.
The performances are a collective work: Today’s women trace the names of yesterday’s women on the ground in chalk. The essence of these performances is to ephemerally inscribe the names of talented women forgotten by history into the public space. In a quiet, 10-minute ritual at dawn, the performers bridge the present with echoes of the past —planting seeds of memory in the minds of the audience. It’s an ever-evolving list, an endless search.
The sculptures are shaped like large crumpled sheets of paper, resembling drafts tossed aside and forgotten. Paper is memory. Right after you crease a paper, it unfolds, unwinds, expands, yet nevertheless keeps the trace of its folding. The imprint of the fold remains indelible, unable to be erased, just like the destiny of these women cannot be erased. During the sculpting process, the immutable bronze material captures this ephemeral reality. The series is inspired by Gottfried Wilhelm Leibniz’s writing: “The material-fold is a material-time. The labyrinth of the continuous is as a fabric or a paper sheet which divides in folds infinitely.” I then engrave the names of ‘eclipsed’ women, which nestle into the sculpture’s folds and creases.
物体志
我将日常物品转变成永恒的雕塑。住在上海,我随时都看到身边的东西在消失着,我想让人们注意到这些正在消失的日常物
件和它们承载的记忆。上世纪50年代,巴黎也经历着同样的以新换旧,拥抱现代化的 进程。在此期间,摄影师们用相机永恒地定格了这个城市中消 逝的美丽。我的父亲就是这样一名摄影师,我童年的房间里照 片就是墙纸,布满了我的记忆。正因如此,就像摄影师拍摄照片一样,我现在致力于制作我 的“物件志”。我收集各种手工制品, 例如矮凳,篮子,门楣 和砖头,我把它们翻模制成铜雕,让它们在我这里得到永生。
我在这些选做成铜雕的物件上刻上一句话,捕捉住它们自身的 记忆。
Intentions
Mémoire et temps sont mes deux obsessions. Comment saisir un objet, un instant, bientôt disparu ou passé ? Le point de départ de mes sculptures est toujours un objet précaire, oublié ou en voie de disparition, témoin du temps qui passe. Dès qu’on y pense, l’instant présent est déjà passé.
Six ans de vie à Shanghai ont fait de moi le témoin d’une extraordinaire mutation, quantité d’objets du quotidien y disparaissent chaque jour. Dans les années 50, Paris se débarrassait également du vieux pour embrasser la modernité. De grands photographes ont immortalisé cette beauté surannée. J’aime l’idée de rendre d’une immobilité absolue un objet rencontré au détour d’une rue, comme sous l’effet d’une émotion intense. Le photographe photographie, moi « j’objectographie ». Je moule, recadre et rends intemporels par le bronze. Le choix du bronze est évident, il traverse les siècles, c’est une matière qui fait œuvre de mémoire. J’associe objets du quotidien et textes gravés pour interroger les distorsions qu’opèrent la mémoire.
De retour à Paris, je poursuis cette quête avec « Les Éclipsées » est un thème que je développe depuis 5 ans déjà et qui révèle le nom de femmes éclipsées de nos mémoires sous forme de performances et de sculptures.
Les performances sont un travail collectif : des femmes d’aujourd’hui tracent au sol, simplement à la craie, des noms de femmes d’hier. L’essence de ces performances est d’inscrire de manière éphémère des noms oubliés, de femmes de talent éclipsées de l’Histoire, et de les rapporter dans l’espace public. Au petit matin, en 10 minutes silencieuses, les performeuses relient le présent aux échos du passé — un geste cherchant à semer des graines de mémoire et d’inspiration dans l’esprit du public. Une liste en évolution permanente…
Les sculptures prennent la forme de grands papiers froissés comme des brouillons rejetés dans l’oubli. Le papier est mémoire. Dès lors que l’on froisse une feuille d’un geste de la main, on lui donne une forme qui se déplie l’instant suivant. Cependant la trace du pli est gardée, on ne peut l’effacer, comme l’œuvre de ces femmes ne peut être effacer. Lors du travail de sculpture, la matière bronze, inaltérable, fige cette réalité éphémère. Les plis symbolisent aussi les replis de la mémoire, que le philosophe Gilles Deleuze théorise et explore dans son ouvrage « Le Pli » (1988). Je grave ensuite les noms de ses éclipsées qui viennent se glisser dans des plis et replis de la sculpture.
ZOÉ VAYSSIÈRES
Traces, imprints, and memory are Zoé Vayssières’s inspiration. She is a French artist and graduate of ENSAD (The National Superior School of Decorative Arts, Paris) with a Master of Arts including one term at Central Saint Martins (London). After working in the world of art and fashion as Art Director for 15 years, she departs to dwell in Shanghai. In China, she developed her work as a sculptor and learned bronze techniques. There Zoé collects fleeting and endangered objects, and casts them in bronze to make them timeless. Her inspiration also lies in words, quotations and forgotten names, which she engraves upon bronze. The artist combines embedded text and daily objects to question the selection that our collective memory makes.
Her profile has been raised thanks to some public and large-scale commissions, notably at the Jing’an International Sculpture Park (Shanghai), where she is the only Western woman represented alongside Arman and Wim Delvoye. Back to France, her sculpture Memory Folds is featured in the Parcours Saint-Germain exhibition in Paris, before moving to its permanent location at the Domaine de Chaumont since 2021. Centering on the theme ‘The Eclipsed,’ which highlights forgotten women, the artist frequently holds performances at venues like the Centre Pompidou and MAM (Musée d’Art Moderne de la ville de Paris). She has also recently been commissioned for a public artwork by the city of Châtenay-Malabry, set to be unveiled in September.
A proponent of narrative art, Zoé uses a minimalist vocabulary that dialogues with the site and extends her research into disappearance, remaining traces and the passing of time. In 2024, she has been invited to serve as an Executive Fellow at Harvard University, to develop her research on memory in partnership with one of the most advanced dataLabs in AI in the world: the D^3 Institute.
自2013年来,Zoé Vayssières就一直居住在上海,
在这个日新 月异的城市里不断找寻灵感,制作了众多的青铜艺术雕塑作品 (限量版8件)。Zoe毕业于巴黎国立高等美术学院,
曾就职于巴黎的艺术和时尚领域,担任艺术总监15余年。
出于对表现形式 的热爱,她把对雕塑形式和其反形式的推崇融 入到她的各个作品中。
Zoé Vayssières est une artiste française, diplômée de l’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs). Après 15 ans de direction artistique dans le monde de l’art et de la mode, elle part vivre à Shanghai. En Chine, elle développe un travail de sculptrice et s’initie aux techniques du bronze. Elle recueille des objets du quotidien, témoins du passage du temps, qu’elle coule en bronze afin de les rendre intemporels. Formée en art et typographie, elle s’intéresse aux mots, citations et noms oubliés, qu’elle grave dans le bronze. Cette association textes et objets questionne notre mémoire collective : son tri et ses déformations.
Sa visibilité s’accroit avec des commandes publiques et monumentales, notamment au Jing’an Sculpture Park (Shanghai) où elle est la seule femme occidentale représentée aux côtés d’Arman ou de Wim Delvoye. De retour en France, sa sculpture « Plis de la mémoire » est exposée dans le cadre du Parcours Saint-Germain (à Paris) puis au Domaine de Chaumont, où elle est installée depuis 2021. Autour du thème des Éclipsées, qui révèle le nom de femmes éclipsées de nos mémoires, l’artiste organise régulièrement des performances, comme au Centre Pompidou ou au MAM, et a récemment reçu une commande publique de la ville de Châtenay-Malabry (inauguration en septembre).
Tenante de l’art narratif, Zoé Vayssières utilise un vocabulaire minimaliste qui dialogue avec le lieu et prolonge son travail sur la disparition, la trace, le temps qui passe. En 2024, elle est invitée comme Executive Fellow par l’Université d’Harvard, afin de développer ses recherches sur la mémoire en partenariat avec un des dataLabs les plus avancés en IA au monde : le D^3 Institute.